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Ariel Gingembre
"Cet enfant apprêté m'a questionné sur son enfance, et ma recherche s'est établie
sur la présence de l'enfant et de sa construction dans l'imaginaire. Il s'édifie comme une énigme dans le monde des images -
Sage et frontal, il s'inscrit dans l'univers intimiste de la peinture
silencieuse et solitaire du jeu : de " L'enfant au toton " de Chardin au "
fifre " de Manet, dans la BD, dans les mangas ou dans les constructions
en Lego. De cette histoire mystérieuse ou
chacun se reconstruit une famille - Cette idée se développant au fur et à mesure des
accidents de la vie comme l'enfant blessé ou l'attente."
Ariel Gingembre
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Odile Vincent
Sabine Courbière - Caroline Greloz
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Marie Maniga
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Micheline Pellerin
"L’enfant cheveux blonds yeux bleus : un petit
personnage.
Devant cette photo, je m’étonne que cet enfant,
très jeune, prenne la pose face au photographe et compose, avec fierté
semble-t-il, un petit personnage, avec ses accessoires (costume, chapeau et
canne d’adulte, tronc d’arbre, barrière en bois…).
Les indications données au peintre préludent à une
autre technique mais une même manière d’objectiver l’enfant.
Quels que soient les évènements et les émotions
qui font la vie de cet enfant et les histoires qu’il pourrait raconter, ceux-ci
sont, face au portraitiste, tenus à l’écart.
A la place, il y a ce moment où la personne qu’est
cet enfant s’efface devant son personnage, il y a un assemblage d’objets, de
formes et de couleurs, un montage qui place sur un même plan des fragments de
l’enfant « objectifié » (« cheveux blonds yeux bleus ») et des objets destinés
le « caractériser », choisis par les commanditaires des
portraits.
C’est
de ce jeu d’échange entre la personne et ses objets que pourrait parler mon
texte."
Odile Vincent
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Notre
envie est de créer l’univers de ce petit garçon devenu vieux.
Le
dispositif tient dans une valise car ce contenant représente un objet de
mémoire d’où peut émerger le passé.
Nous
allons ainsi mettre en espace son lieu de vie (de fin de vie) avec tous les
souvenirs qu’il peut avoir emmagasiné pendant 75 ans notamment ceux qui
découlent de cette photo : canne, vêtement, chapeau, photo pastel n°12, …
Qu’a-t-il gardé de son enfance ? De cet arrêt sur image ?
Celui qui sera observateur pourra devenir acteur en
actionnant un mécanisme permettant de manipuler le petit vieux sur sa chaise à
bascule. Une autre manivelle donnera le ton du gramophone, l’ambiance sonore de
cet espace.
Sabine Courbière - Caroline Greloz
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Gaël Dod
Le
projet est une boîte en volume. Il arrive en écho avec mon travail
actuel : des boites en bois, sorte d’aide mémoire dans lesquelles sont
rangées et classées des bribes de passé. Les objets et illustrations ainsi
collectés mettent en lumière leur importance. Les objets qui à la base peuvent
être insignifiants (escargots, plumes, bout de tissu, bout de papier), montrent
que la mémoire et ‘l’affect’ sont étroitement liés et comme une madeleine de
Proust, peuvent faire ressortir instantanément de la mémoire tel ou tel
souvenir que l’on pensait enfoui.
Gaël Dod
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Foy - Cadoré
Groupe
d’amis passionnés par les photos anciennes et l’histoire, nous avons pris
plaisir à nous lancer dans la mise en forme, à l’aide de matériaux de
récupération, de quelques idées nées de la photo « Pastel n°12 ».
L’un d’entre nous a comme passe-temps, à partir de photos trouvées au hasard,
d’écrire des commentaires sur ce qu’il perçoit de l’image. Mais, tous, nous
voulions nous associer au projet, intéressés par la diversité des formes et des
regards.
Foy et Cadoré
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Gilles Framinet
« Les
jumeaux » part d’une réflexion sur la personnalité.
Qui
est ce petit garçon, qu’est-il devenu ?
Son double à travers ce pseudo test de Rorschach est-il son symétrique ou une autre personne avec ses propres pensées ?
Son double à travers ce pseudo test de Rorschach est-il son symétrique ou une autre personne avec ses propres pensées ?
Gilles Framinet
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Thomas Lacroix
L’enfant
s’est approprié la boîte de pastels de son grand-père, les a essayés, puis pris
sur le fait, les cache un peu partout sur l’œuvre, sauf une, la pastel n°12
(qui est ressortie en arrière-plan)
Image
bas-relief avec texte sur le contour.
Thomas Lacroix
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Marie Maniga
Portrait
de l’enfant bien-aimé, le centre de sa famille, sorte de star wharolienne
transposée au début du 20ème siècle.
Marie Maniga
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Micheline Pellerin
Je
ne suis pas une artiste avec un grand ‘A’, mais seulement une « découpeuse
colleuse », qui fonctionne au sentiment, car chaque collage que je réalise
(tous formats, ou forme d’albums, de boites, etc…) est destiné à une personne
précise et adapté à son univers, ses goûts, son vécu, un évènement précis. Ce
qui n’est pas le cas, bien sûr, dans le cadre de ma participation à l’aventure
« Pastel n°12 ».
Au
premier regard, ce portrait de blondinet tout mignon, trop mignon et très sage,
trop sage !, m’a inspiré de l’antipathie, car il m’a rappelé une photo vue
peu de temps auparavant, celle d’un autre blondinet défilant avec les
« Jeunesses hitlériennes » de triste mémoire, d’où l’idée d’illustrer
cette phrase de Rilke « Le beau n’est que le premier degré du mal ».
D’un côté la douceur, la candeur, l’innocence, le bonheur… de l’autre la
noirceur, la mal, l’horreur. Autrement dit « Trop joli pour être
honnête », « Méfiez-vous de l’eau qui dort ». J’aurais aimé
intituler ce tableau « Voyage au bout de la nuit », mais ce n’est pas
original et cela appartient à un génie de la littérature, je précise bien
« de la littérature » ! Alors le mot « Réminiscences »
me parait résumer le plus tristement ce que j’ai voulu exprimer.
Micheline Pellerin
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Françoise Petiot
« La
vie n’a pas de sens, seule chaque vie individuelle a un sens, donné par celui
qui vit cette vie. L’individu trace son trait et disparaît. Alain
Prochiantz »
Mon projet se compose d’une dizaine de petits tableaux reprenant le décor de la photo originale. Sur ce décor je mets d’autres personnages qui sont passés dans le temps de la vie, à chaque passage il reste une trace de vie antérieure.
Mon projet se compose d’une dizaine de petits tableaux reprenant le décor de la photo originale. Sur ce décor je mets d’autres personnages qui sont passés dans le temps de la vie, à chaque passage il reste une trace de vie antérieure.
Françoise Petiot
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Notre interprétation du Pastel n°12,
sous-titrée “Le petit homme », s’inspire du texte de François Wehrbach « Sa vie
s’est arrêtée là, en baie de Somme ».
La photo du « petit homme » s’y
superpose à la trace du père soldat ; c’est une oxydation de feuille d’argent
laquée sur bois.
Le choix de l’argent s’est
naturellement imposé, en tant que source originelle de l’image photographique.
Son oxydation fait écho à notre condition terrestre ; alchimie conjuguant la
lumière, l’air et le temps, elle évolue imperceptiblement selon des variantes
qui lui sont propres autant que mystérieuses
…
Carine et Isabelle Pittorex
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Cécile Tarrière
Cécile Tarrière
“Crée pour le projet “Pastel n°12”
de François Wehrbach visant à reconstituer une famille imaginaire autour de la
photographie d’un jeune garçon inconnu, le collage de Cécile Tarrière est fidèle
à la vérité ontologique de la photographie, l’écriture de la
trace.
S’inscrivant dans un format carré,
ce collage se compose de trois éléments : à gauche, le carton d’invitation d’une
exposition de Zoran Music reproduisant The
Dancing Leper, (Le pestiféré qui
danse), une œuvre au crayon que le peintre fit lors de sa déportation
à Dachau en 1944 ; en léger contrebas, contre le bord gauche, la photographie
découpée du jeune inconnu du Pastel n°12 ; et à droite, un peu décalée, une
bande de cinq morceaux de photographies déchirées et agencées les unes au dessus
des autres où l’on distingue des arbres, une pelouse, avec en haut le visage de
deux petites filles en chapeau.
Les archives photographiques
familiales sont souvent entreposées dans des boîtes à chaussures. François
Wehrbach a sauvé de la disparition celle du jeune garçon avant qu’elle ne
finisse mangée par l’humidité d’un grenier dans l’Hérault. Cécile Tarrière a
sauvé ces morceaux de photographies d’une destruction volontaire et violente en
les rapportant chez elle après les avoir découvert épars sur le tapis d’une
maison abandonnée. Mais l’analogie de ces deux sauvetages visuels s’arrête
là.
Quel rapport Cécile Tarrière
établit-elle dans ce collage entre ces quatre personnages, le Pestiféré qui danse, les deux jeunes
filles et le jeune garçon à première vue rassemblés de façon aléatoire ? En
regardant de plus près, nous pouvons déceler les liens ténus qui les font
exister ensemble : les visages du jeune garçon, des deux jeunes filles et de
l’homme de Z. Music sont tous dirigés dans la même direction, une des mains du
jeune garçon et de l’homme se replie sur le côté du corps de la même manière et
les petites filles et le jeune garçon de trois quart face ont le même col marin.
Ces infimes connections gestuelles ou vestimentaires sont les liens qui donne
au collage son sens. Infimes gouttes de colle, ces signes qui traversent le
temps disent le peut-être d’un lien familial : le jeune garçon est peut être
l’homme dessiné par Z. Music 20 ans plus tard, il a le même geste que lui, le
même regard attentif que les petites filles qui pourraient être ses
sœurs.
Mais la déchirure des photographies,
la séparation droite et marquée entre le carton de Z. Music et le puzzle
photographique à droite disent aussi l’inverse : l’impossible souvenir,
l’impossible connexion et la force insondable de l’oubli qui comme la ligne
blanche verticale sépare les êtres, éradique la mémoire et fait disparaître à
jamais l’espoir d’un vécu ensemble. Sur le côté droit de l’œuvre, les morceaux
du puzzle photographique avec ses arbres, ses pelouses et ses forêts placés en
miroir ou en verticale disent le désordre, le basculement, la perte de sens sous
le regard observateur et lointain des deux petites. Placés en vis-à-vis du
carton de Z. Music, ils dirigent la pensée vers les forêts de bouleaux des camps
de concentration.
Alors le col marin prend un sens
nouveau. Devenu le dernier signe du paradis perdu avant la destruction, il est
l’innocence avant la barbarie. Et ce vers quoi les quatre personnages dirigent
leurs regards, c’est ce hors champ que l’artiste ne veut représenter ni
nommer.
En sauvant ces bribes
photographiques et en les intégrant à ce collage, Cécile Tarrière leur redonne
sens et suggère en creux que la violence de ces déchirures est le signe
implacable de ces vies condamnées. Cette œuvre subtile qui n’aurait pu voir le
jour sans l’imaginaire généreux de François Wehrbach remonte le chemin solitaire
du temps et questionne avec lucidité les traces de ce qui reste de nos identités
après.
Marie Cordié Levy, docteur en
histoire de la photographie
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Poppy Arnold
« rencontre sur un champignon »
Quand un arbre meurt, il est encore vivant.
D’ailleurs sur son tronc émergent souvent d’étranges
sculptures ; parfois quand elles apparaissent, elles sont molles, gluantes
et d’un orange inattendu.
Au fil du temps elles poussent, se lignifient. En dessous
elles prennent la teinte et la matière tourmentée des écorces mortes. Mollement
plat, le dessus me fait penser à un macaron au moka, piqueté de minuscules
trous.
La métamorphose se niche partout dans le vivant : à
l’âge adulte ces excroissances sont devenues des champignons de bois.
Plus le champignon est gros plus sa cueillette devient un
travail d’ébéniste : la scie est indispensable pour le séparer de son
tronc.
Les champignons de bois me font rêver depuis l’enfance et
les vacances dans les forêts vosgiennes. Plus tard je les ai collectés pour en
faire des éléments de décoration.
Un jour, par je ne sais quelle intuition, j’ai associé une
de mes sculptures à l’un d’eux.
C’était pour en faire un socle. Un socle baroque comme ces
supports de saints que l’on voit dans les églises.
Je ne savais pas encore que pour moi naissait une histoire
créative grâce à la vie d’un arbre mort.
Ne vous y trompez pas. Si vous ramenez un champignon de bois
à la maison, il faut le traiter et le faire sécher sinon il va lentement mourir
à son tour : les vers à bois le vident de l’intérieur. Certains
champignons que j’avais oubliés longuement dans des greniers amis n’étaient
plus qu’un tas d’une intrigante sciure noire...
Il pose dans un décor extérieur d’arbustes, accessoirisé
avec petit pont, rocher, canne et chapeau (visiblement trop grand pour lui). Je
sais ce que le petit garçon a ressenti à ce moment là.
Il a su que son amour pour les ballades deviendrait un grand
amour pour les montagnes, les randonnées, les explorations des forêts
étrangères ; que toute sa vie il s’enchanterait en marchant dans la beauté
du monde. Et c’était vrai à chaque fois, arrivé au sommet il avait toujours
retrouvé intact son plaisir de jeune garçon.
J’aime penser que dans les cellules mémorielles de sa
descendance s’est inscrite génération après génération la certitude d’appartenir
au grand cycle de la nature et de la beauté
Est-ce un de mes aïeux qui regarde l’horizon assis là haut, au bord d’un
champignon de bois ?
Poppy Arnold
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Françoise Lorson
Cette photo à la couleur presque passée, m'a fait ressortir d'un tiroir la
photo sépia de mon père enfant.
Il a cinq ans, sa chevelure est bouclée et longue.
De ce que je sais, elle
est rousse et sera coupée en entrant à "la grande école".
Crinière rousse et yeux bleus sont sépias.
Les deux enfants du passé jouent au jardin.
L'adulte rêve à
l'enfance.
Françoise Lorson
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Delphine Cadoré
Un air de famille où la trahison du polichinelle
L’enfant vint au monde avec 2 mois
d’avance...
On attendait un enfant malingre et chétif, il fut
fort et vigoureux.
Comme, tout un chacun, les commentaires allaient bon
train sur les traits de ressemblance de la chère progéniture !
« Il a le nez de sa mère, et les oreilles du grand
père ! » disaient les uns ;
Oui
mais les yeux ??
Les yeux ?
« Les yeux de l’oncle Albert, pardi » s’esclaffaient
les autres
L’oncle Albert, le baroudeur de la famille, l’homme
aux yeux bleu acier, et aux mille maitresses !
L’homme aux récits extraordinaires, peuplés de
sirènes à la peau ébène et de chasseurs forts comme des lions.
Mais, de son ultime voyage en Afrique, l’oncle Albert
ne revint qu'avec pour seul bagage, un chapeau colonial et une vieille canne en
bois servant à soulager sa pauvre jambe malade.
Depuis ce jour, jamais il ne dit mot…
Delphine Cadoré
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